Club Cogito n°1

Sujet du 13 décembre 2022 

« Peut-on croire au Père Noël ? »

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Compte-rendu de l’échange philosophique :

De manière très spontanée, le débat n’a pas tourné autour de la question de savoir s’il existait ou non. Sans doute la question ne se posait-elle plus… Les élèves ont d’abord évoqué leurs souvenirs de noël et ce qui est apparu c’est que cette croyance au Père Noël leur semblait être particulièrement associée à l’enfance. Ainsi, il est apparu que croire en quelque de chose de « magique » n’est pas nécessairement remis en cause. En effet, les élèves disent que cette période est aussi associée à la joie, au rassemblement de la famille…etc. C’est donc une croyance qui dépasse le simple fait de recevoir des cadeaux pour quelque chose de beaucoup plus riche, à savoir le partage d’un moment exceptionnel. Croire au Père Noël c’est donc aimer partager des moments avec ses proches. On pouvait alors s’attendre à ce que l’expérience de la découverte que le Père Noël n’existe pas soit évoquée de façon douloureuse. Pourtant ce n’est pas ce qui a été dit, est évoquée une certaine nostalgie sans doute, mais une expérience douloureuse, non. Ce qui est intéressant à ce sujet c’est plutôt l’évocation de la période du doute quant à son existence. Sans le savoir c’est un moment fondateur de notre rapport au réel et à la vérité. En effet, grandir c’est nécessairement confronter ses croyances d’enfance à l’exigence du réel et, soit par étapes, soit radicalement, c’est admettre que ma croyance n’était qu’une croyance et qu’il faut maintenant l’abandonner. Mais ce renoncement n’est pas strictement négatif parce que c’est aussi le moment où je me pose face au réel, au monde, que je l’interroge, le remet en doute, le critique et que je peux à présent imaginer le changer. L’adolescence n’est pas loin… Ce qui ressort de cet échange, c’est qu’au-delà de cette question iconoclaste « Peut-on croire au père Noël », ce qui a été discuté c’est le lien nécessaire entre la nécessité de croire à un moment et le besoin ensuite de ne plus croire. Il n’y a pas de contradiction entre les deux, pas d’inconstance. Ce qui est interrogé c’est le statut de la croyance qui en elle-même n’est ni bonne ni mauvaise. Elle a bien été identifiée comme nécessaire à un moment de mon existence et même essentielle à sa ma construction. Or cette croyance, qui ne résiste pas au doute à l’analyse de ma raison doit être abandonnée. Le renoncement devient un moyen de m’émanciper de l’illusion. Pour clore cet échange nous avons évoqué l’idée que ne plus croire au Père Noël ne signifiait pas pour autant que je renonçais à tout espoir de voir exister ce qui n’existe pas encore. Ne plus croire au Père Noël ne me conduit pas au cynisme au désenchantement. En grandissant je découvre que des idées comme l’égalité, la justice, si elles n’existent pas encore de façon universelle peuvent être revendiquées et défendues par des actes, et l’espoir de les voir exister dans le monde peut être un moteur de mon action concrète. Ainsi, au cours de l’histoire des hommes ont montré que selon Mark Twain : « Ils ne savaient pas que c’était impossible, alors ils l’ont fait ».

Pierre Walter et Yvon Le Liboux