UKRAINE

Le Collège Roger Vercel se mobilise pour l’Ukraine, en récoltant des dons et en participant à l’opération #10MARSJELIS avec la lecture d’un texte d’un auteur ukrainien.

DONS :

Soutien UKr

10MARSJELIS : « Le collège solidaire de l’Ukraine lit un de ses auteurs »

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La DAAC lance une nouvelle édition dans le cadre du 100% EAC d’un quart d’heure lecture. Il se déroulera le jeudi 10 mars à 10 heures. Cette opération revêt une importance particulière pour l’académie de Rennes puisque des habitudes de temps de lecture pour tous les élèves et tous les personnels sont organisés sur un même créneau horaire. En cette année où la lecture est la grande cause nationale, cette opération, qui permet à de nombreux élèves de trouver ou de retrouver le goût de lire, trouve tout son sens.

Le collège a décidé de s’inscrire et de se référencer en mettant sa touche personnelle d’hommage à la nation ukrainienne à travers l’un de ses auteurs, Andreï Kourkov et de son ouvrage « Le Pingouin ». Il s’agit d’un geste symbolique de soutien et de considération vis à vis du drame qui se joue en ce moment à Kiev et sur tout le pays ukrainien.

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Andrei Kourkov est un écrivain ukrainien qui réside à Kiev.

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Pour appréhender cet auteur qui est un habitué de l’événement malouin « étonnants voyageurs », vous pouvez lire l’entretien récent qu’il a donné à au journal Télérama ci-dessous ou consulter cette page : https://www.etonnants- voyageurs.co...

Entretien avec Andreï Kourkov : L’auteur du “Pingouin” vit à Kiev. Il nous décrit la situation dans sa ville, depuis que Vladimir Poutine a entamé une guerre contre l’Ukraine. Entre stress et tristesse, il dit combien la situation ne le surprend pas. Et ce qu’il attend de l’Europe. En cette fin d’après-midi du premier jour de la guerre lancée par Vladimir Poutine contre l’Ukraine, Andreï Kourkov, 60 ans, est chez lui, à Kiev. L’auteur du Pingouin (2000), du Caméléon (2001), du Dernier Amour du président (2015) et tout récemment des Abeilles grises, tous publiés aux éditions Liana Lévi, que nous avions rencontré en 2004 pendant la « révolution orange », a accepté de nous livrer ses craintes et ses réflexions. Comment vous sentez-vous ? C’est difficile. Nous suivons la situation depuis notre appartement, avec ma femme. C’est une situation extrêmement dangereuse, il y a des combats à 25 kilomètres d’ici, dans la banlieue et près d’un aérodrome aux portes de la ville, dont l’armée russe a peut-être déjà pris le contrôle. Pour tout vous dire, j’ai bien peur que des missiles russes ne tombent sur Kiev pendant la nuit. En réalité, nous sommes attaqués de tous les côtés, par la Crimée, par la Transnistrie (en Moldavie), du coté de la Russie, évidemment, ainsi que de la Biélorussie, d’où sont envoyés des missiles. C’est toute l’Ukraine qui est en danger, pas seulement le Donbass.

Quand nous nous sommes rencontrés en 2004, puis en 2014, vous exprimiez vos craintes que la position géographique de l’Ukraine la rende à jamais sujette à une possible invasion russe. Êtes vous surpris de ce qu’il se passe aujourd’hui ? Je ne suis pas surpris, mais je suis très triste et… très stressé. Je savais que c’était possible, mais j’espérais vraiment qu’on allait éviter la guerre. L’Ukraine a besoin de former des politiciens beaucoup plus sophistiqués et expérimentés, pour pouvoir défendre ses intérêts entre les deux « blocs » et face à un homme comme Poutine. Mais nous n’avons pas de tradition politique, ni d’école de politiciens. On n’a jamais eu de présidents vraiment capables de résister à la Russie ou de s’entendre avec elle de telle sorte que nos intérêts soient aussi respectés. Heureusement, nous avons au moins réussi à moderniser notre armée, et aujourd’hui, cela compte… Cette invasion, c’est l’Histoire qui se répète ? Oui, c’est comme un continuation de la Seconde Guerre mondiale. L’armée russe qui arrive pour coloniser et contrôler le territoire ukrainien, ce n’est pas tout à fait nouveau : c’est le retour des bolcheviks. Poutine est le plus riche bolchevik du monde, qui veut reconstruire l’Union soviétique mais comme son empire privé ! Même par son langage, avec son discours sur les « nazis », nous sommes dans le prolongement de la « grande guerre patriotique ».

Qu’attendez-vous de l’Europe ? Des aides militaires et des pressions diplomatiques, même si je ne crois pas que les pressions puissent changer la politique de Poutine. Il faut couper la Russie du monde civilisé, empêcher toute personne avec un passeport russe de voyager, sinon cette guerre ne s’arrêtera pas avec mon pays. Il y a eu la Georgie, la Transnistrie, l’Ossétie, ça ne s’arrêtera jamais ! Je ne pense pas que les sanctions économiques seules suffiront, mais les aides militaires, le blocage des finances russes dans les banques européennes et américaines, le blocage des comptes des oligarques de l’entourage de Poutine auront peut-être plus d’effet. Peut-être…

Et qu’attendez vous des États-Unis ? En nous envoyant des armes, il font beaucoup pour que l’Ukraine reste indépendante. “Mon pays va payer très cher sa résistance dans cette guerre qu’il n’a jamais voulue.” Avez-vous la moindre illusion que l’Ukraine, avec ses forces militaires, pourra résister à l’armada russe ? Elle peut résister pendant quelques semaines. Je ne suis pas un stratège, et donc je ne peux prévoir, mais l’esprit de l’armée ukrainienne me semble beaucoup plus fort que l’esprit de l’armée russe, car le Kremlin a envoyé des soldats qui font leur service militaire et qui n’ont pas une grande motivation pour nous envahir. Alors que les forces ukrainiennes sont extrêmement motivées, tout comme le reste de la population, pour protéger leur pays. J’ai parlé avec des volontaires qui étaient partis dans le Donbass en 2014-2015, et beaucoup de nos quatre cent mille réservistes sont déjà partis pour rejoindre l’armée. Ce ne sera pas si facile pour la Russie de conquérir l’Ukraine… mais je sais bien que mon pays va payer très cher sa résistance dans cette guerre qu’il n’a jamais voulue. Que ferez-vous si les Russes occupent Kiev ? Si je ne suis pas arrêté, je partirai à l’étranger. Je ne suis pas bienvenu dans mon pays, pour les Russes. Mes livres ne sont plus publiés en Russie depuis 2008. En 2004, pendant la « révolution orange », vous n’arriviez plus à écrire. Y parvenez-vous en ce moment ? Non, je viens d’arrêter d’écrire mon dernier roman, sur la vie à Kiev en 1919 pendant la guerre civile. J’écris des articles et des commentaires, mais je vous avoue que je suis très fatigué – et même, psychologiquement, bien plus que fatigué.

Certains pensent que le projet de Poutine est d’installer une marionnette à la tête de l’Ukraine ; d’autres pensent qu’il a l’intention d’envahir tout le pays pour le raccrocher à une Grande Russie… Et vous ? Je ne sais pas. Ce dont je suis certain, c’est que Poutine veut contrôler l’Ukraine, et pour moi cela ne ferait pas une grande différence que ce soit un président imposé par Poutine ou un gouverneur russe envoyé par Moscou pour gérer la province ukrainienne, comme à l’époque tsariste…